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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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5 janvier 2008

Pages 27 à 89

Trois versions. C’est ce qu’aura donné mon travail sur mon manuscrit.

J’ai d’abord accouché d’une première version. Écrite d’un trait. À partir d’une idée de départ longuement mûrie et de dizaines de pages de notes remontant à 1997. Une version écrite en un mois et demi, mais en 32 jours de travail réel. Des jours fébriles où j’ai parfois écrit une vingtaine de pages et, dans les journées les moins productives, à peine cinq. Une version relue. Une seule fois. Question de corriger quelques accords de participes passé. Pas de réécriture. Le tout imprimé en dix exemplaires. Et envoyé.

Intérêt d’un éditeur. Rencontre. Retravail nécessaire.

Cette fois, j’ai des indications claires. Où sont les points forts qui doivent être gardés et qui devront être des modèles, inspirer les corrections à venir. Les passages moins réussis doivent être retravaillés en ce sens. Je me remets au travail. J’ai passé six mois sans relire mon texte. J’y replonge. J’en reprends le fil. Je retombe dans le processus de création.

La deuxième version est meilleure. J’en suis contente, dans l’ensemble. Mais je sais aussi qu’elle est imparfaite. Je la soumets à nouveau au regard critique de mon directeur littéraire.

Seconde rencontre. Les corrections ont en effet amélioré le manuscrit. Mais le travail n’est pas terminé. Le début du roman n’est pas assez fort. Senti. Il n’est pas à la hauteur du cœur du roman. Je dois resserrer les chapitres. Me questionner sur leur utilité. Ne garder que l’essentiel. Retrouver l’esprit central, le tourment intérieur de mon personnage principal. Les pages les plus faibles sont désignées : 27 à 89. Ensuite, l’intensité reprend. Le roman retrouve son souffle.

Soit. 27 à 89. Je constate en relisant. C’est vrai. Je vois les faiblesses. Je suis d’accord avec les commentaires que m’a faits Éric. Attendre ensuite d’avoir le temps de tout relire, de retrouver le fil de l’écriture. Le temps arrive. Les corrections reprennent.

J’ai retravaillé les pages 27 à 89. Fusionné certains chapitres. En ai écrit un nouveau. Je sens que le manuscrit atteint une maturité. Pas la perfection. Je sais qu’elle n’est pas de ce monde. Mais un certain équilibre. Un équilibre des mots, du ton, du récit. La relecture est harmonie sous mes yeux. Oui. Peut-être est-ce l’indice que j’approche de mon but : un manuscrit achevé.

Les pages 27 à 89 ont donc été retravaillées. Me restent encore le cœur et la fin du roman. Mais aussi des détails à revoir. Corrections importantes, quand on pense qu’il me faut enlever certains éléments. Enlever des scènes tout en conservant l’esprit d’ensemble. Et surtout, rester cohérente. L’incohérence serait inacceptable.

Mon directeur littéraire a l’intuition que la troisième version sera la bonne. Je compte lui donner raison. Mais ce ne sera pas sans un travail intense et fort satisfaisant. Car j’ai confusément l’impression que cette troisième version aura été la seule vraiment travaillée.

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Commentaires
D
Éric: Bon, bon. Loin de moi l'idée de "vendre la peau de l'ours!" Mais ça me motive de me dire que cette fois sera la bonne! :)<br /> <br /> Lux: Mmmm. Disons que j'ai l'entière liberté de me fourvoyer, aussi. :)
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L
Oh! Oh! D'après ce que je viens de lire Danaée, on devrait peut-être parler de liberté surveillée au lieu de complète liberté? ;)
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É
Je dois vous reprendre chère bonne élève. Je n'ai pas dit que cette troisième version sera la bonne, mais plutôt que nous allions nous en rapprocher :-)
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D
Lux: Je pense vraiment qu'écrire quelque chose qu'on destine à la publication doit se faire dans l'esprit que c'est un "travail" et qu'on se met, en effet, au service de l'oeuvre. Quant à nourrir son égo, je ne pense pas que la littérature soit le moyen d'y parvenir... Ceux qui visent cela sont souvent déçus.<br /> <br /> Et je dois dire que dans le retravail sur le manuscrit, je sens une complète liberté. C'est sans doute ce qui me permet de garder ma motivation dans le projet.
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L
Je me rends compte en te lisant que c'est un métier d'écrire et non juste une impulsion. Je vois aussi que ça demande de l'humilité et de l'abnégation: accepter de se faire reprendre, de se faire suggérer d'enlever des parties, d'étoffer... J'accepterais très mal de me faire censurer ou confronter ainsi. Ça exige d'être au service de l'oeuvre et non au service de l'égo.<br /> <br /> En même temps, tu expliques tellement bien ce processus que j'en comprends mieux la nécessité et alors les termes "écrire un roman" prennent maintenant pour moi un sens plus dynamique. C'est très intéressant ce que tu nous fait découvrir dans les coulisses de la création.
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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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