99% de transpiration
J’ai évoqué récemment les considérations de l’éditeur Pierre Tisseyre concernant le rapport inspiration/transpiration dans le domaine de la création littéraire. Or, il se trouve que dans son livre sur la créativité, Mihaly Csikszentmihalyi aborde également cette question, mais de façon plus étoffée et plus intéressante.
Dans le chapitre 4 intitulé "Le travail créatif", l’auteur essaie de déterminer s’il existe des mécanismes mentaux qui permettent d’innover dans un domaine et s’il est possible que le processus créatif soit «unique», c’est-à-dire commun à tous les créateurs. Ce chapitre aborde divers aspects propres au travail créatif, comme le travail de l’écrivain, la période d’oisiveté, le moment du « eurêka » et, ce dont je veux parler ici, le 99% de transpiration.
En fait, quand l’intuition est parvenue à la conscience, il faut en vérifier la justesse. Il faut ici savoir que plusieurs intuitions resteront à ce seul stade «parce que la froide lumière de la raison révèle leurs défauts.» Mais si l’intuition passe le test, le vrai travail commence.
Cette phase d’élaboration, qui représente 99% du travail de création, peut se faire à quatre conditions :
1) Rester attentif à son travail pour repérer les nouvelles idées ou de nouvelles intuitions.
2) Faire preuve d’ouverture d’esprit et de souplesse.
3) Rester vigilant quant à ses objectifs et à son ressenti pour savoir si le travail avance comme prévu.
4) Écouter ce qu’en disent ses collègues ou ses pairs. Ces échanges peuvent permettre de rectifier la trajectoire du projet.
Et une chose ressort particulièrement : le travail de création n’est jamais terminé!
Mihaly Csikszentmihalyi, La créativité. Psychologie de la découverte et de l’invention. Paris, Robert Laffont, 2006. Coll. « Réponses », 391 pages. (pp. 104-105)