10% de talent, 90% de transpiration?
Dans son introduction de L'art d'écrire, Pierre Tisseyre déclare que, selon lui, contrairement à d'autres formes d'art ou le talent est primordial comme la peinture ou la musique, l'écriture peut (presque) se passer du talent de son auteur. Ainsi, quelqu'un qui voudrait écrire mais qui est peu doué ou qui a peu de choses à dire, s'il est prêt à travailler, à re-re-retravailler peut, en fin de compte, réussir à écrire quelque chose de bon. On parle donc de 10% de talent pour 90% de transpiration...
Bien entendu, il existe des exceptions. On pense, par exemple, à Françoise Sagan qui, à 18 ans, publiait Bonjour tristesse ou à Stendhal dont la rédaction de La Chartreuse de Parme ne lui a pris que 56 jours... Dans leur cas, la proportion talent/effort s'inverse à 10% de transpiration pour 90% de talent.
Je ne suis pas entièrement d'accord avec cette affirmation.
En fait, je pense qu'un auteur sans véritable talent ne pourra pas réussir à faire une vraie oeuvre d'art littéraire. Je continue à croire qu'écrire est un art et qu'il existe de vrais virtuoses. Ceux-ci font avancer la littérature, la nourrissent, l'imprègnent en lui donnant une impulsion nouvelle. Ils ne sont pas nombreux, bien entendu.
Évidemment, beaucoup de gens écrivent et écriront. Bien travaillé, leur texte aura quelque originalité, se distinguera peut-être assez pour intéresser les lecteurs. Ces oeuvres suivent des modes, se greffent à des courants de pensée. Elles vieillissent souvent mal.
Et vous? Êtes-vous d'avis que le talent littéraire ne joue que peu dans la littérature? Que le travail peut réussir à estomper les lacunes d'un auteur?
Illustrations: Autoportrait de Castellan et photo de Françoise Sagan.