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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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26 juin 2007

10% de talent, 90% de transpiration?

Castellan_AutoportraitDans son introduction de L'art d'écrire, Pierre Tisseyre déclare que, selon lui, contrairement à d'autres formes d'art ou le talent est primordial comme la peinture ou la musique, l'écriture peut (presque) se passer du talent de son auteur. Ainsi, quelqu'un qui voudrait écrire mais qui est peu doué ou qui a peu de choses à dire, s'il est prêt à travailler, à re-re-retravailler peut, en fin de compte, réussir à écrire quelque chose de bon. On parle donc de 10% de talent pour 90% de transpiration...

Fran_oise_SaganBien entendu, il existe des exceptions. On pense, par exemple, à Françoise Sagan qui, à 18 ans, publiait Bonjour tristesse ou à Stendhal dont la rédaction de La Chartreuse de Parme ne lui a pris que 56 jours... Dans leur cas, la proportion talent/effort s'inverse à 10% de transpiration pour 90% de talent.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec cette affirmation.

En fait, je pense qu'un auteur sans véritable talent ne pourra pas réussir à faire une vraie oeuvre d'art littéraire. Je continue à croire qu'écrire est un art et qu'il existe de vrais virtuoses. Ceux-ci font avancer la littérature, la nourrissent, l'imprègnent en lui donnant une impulsion nouvelle. Ils ne sont pas nombreux, bien entendu.

Évidemment, beaucoup de gens écrivent et écriront. Bien travaillé, leur texte aura quelque originalité, se distinguera peut-être assez pour intéresser les lecteurs. Ces oeuvres suivent des modes, se greffent à des courants de pensée. Elles vieillissent souvent mal.

Et vous? Êtes-vous d'avis que le talent littéraire ne joue que peu dans la littérature? Que le travail peut réussir à estomper les lacunes d'un auteur?

Illustrations: Autoportrait de Castellan et photo de Françoise Sagan.

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Commentaires
L
Comme chantait Brassens, "sans technique le talent n'est qu'une sale manie".<br /> <br /> A quoi reconnaît-on un bon livre ?<br /> Au nombre de tirages ? A sa longévité ?<br /> <br /> Je pense qu'appliquer ce genre de pourcentage, c'est obliger à une définition précise de ce qu'on entend pas "bon" livre ou auteur talentueux.<br /> <br /> Heureusement, nous avons chacun notre définition intime de la lecture. Et un livre existe uniquement quand il est lu. Le lecteur doit aussi avoir du talent. C'est sans doute pour cela que certains deviennent éditeurs !<br /> Il y a aussi tous ces écrits dignes de figurer au panthéon et que personne ne connaîtra jamais car non publiés...<br /> Pour moi, un auteur talentueux est un musicien qui réussit à me faire vibrer et laisse définitivement en moi le souvenir de cette vibration, agréable ou désagréable...<br /> Le sentiment que la lecture et non le livre, ni son contenu, m'a rendue plus vivante que si j'étais restée à faire autre chose...<br /> Un ouvrage que j'adore est "Une histoire de la lecture", d'Alberto Manguel"...<br /> La lecture est une relation au monde par l'intermédiaire d'un auteur dont le talent se mesure aussi à sa faculté de m'ouvrir les portes de ce monde...<br /> Sans doute est-ce lié aussi à ma venue au monde des livres et de la lecture, poussée par le désir de pénétrer dans cet extraordinaire espace de liberté... <br /> Parfois, une séquence suve un film, une ligne sauve un livre !
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A
Aïe !<br /> <br /> Que pensez-vous de cette formulation sans O. G. M. ?<br /> <br /> Malgré le fait...<br /> <br /> Malgré le fait d'avoir l'impression...<br /> <br /> Malgré mon sentiment contraire, ...
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S
Vouloir quantifier le taux de talent et le taux de travail nécessaire à l'écriture d'un roman me paraît assez... surprenant (pour ne pas dire grotesque). Un roman n'est pas une sauce ni même un parfum dans lequel les ingrédients peuvent être mesurés à la goutte ou au gramme près. Une pincée ou deux, à la limite. Mais 10 %, ça manque de charme !<br /> Pourtant (après avoir bien ri) je trouve le conseil de Pierre Tisseyre plein de bon sens si on sait l'interpréter. Et ma façon de l'interpréter (toute personnelle) est la suivante : quel que soit le talent que l'on a (ou pense avoir), il faut savoir rester humble. Même si l'on se prend pour un génie, dont le cerveau ne peut enfanter que des chefs-d'oeuvres et que lesdits chefs-d'oeuvres sortent avec la plus grande facilité en quelques jours seulement, il faut oser se remettre en cause. Il faut s'imposer de reprendre son texte, le juger, le bousculer, le torturer, ne jamais se satisfaire de l'à-peu-près. Il faut, en somme, travailler tout autant après avoir écrit qu'avant (phase préparatoire de l'intrigue, des personnages, des décors...) ou pendant. <br /> Mieux vaut douter soi-même que de donner aux autres (éditeurs, lecteurs) des raisons de douter. Mais combien de pincées de doute donnent la saveur la plus exquise ?
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A
Lux, fallait-il que tu sois ingénu pour ne pas savoir que tu étais un génie ! ;o)
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L
Là tu te surpasse Alcib.<br /> Ainsi Racine pense comme moi? Quel génie!
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