Pour écrire, il faut lire

Pour poursuivre dans mon analyse des conseils de Pierre Tisseyre dans son Art d'écrire, je me suis arrêtée sur le premier grand conseil que l'auteur fait aux aspirants écrivains: celui de lire.

Bien entendu, plusieurs sont tentés de poser la question: "Lire, mais quoi?"

Il semble qu'il n'y ait pas de mauvaises lectures, en la matière. Mais il faut lire des livres, pas seulement des revues ou des journaux. Et il faut lire beaucoup. Beaucoup.

Et quand Pierre Tisseyre arrête son choix sur des écrivains incontournables, il en retient trois: James Joyce, Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline.

Voici la justification de ce choix:

"James Joyce, c'est le discours intérieur. Ce n'est pas lui qui l'a inventé, mais un auteur obscur du nom de Dujardin. C'est Joyce toutefois qui l'a imposé et lui a donné ses lettres de noblesse. Ulysse est un livre qui vous marque et que l'on n'oublie pas.

Marcel Proust, c'est un univers qui se révèle à nous. Le mécanisme du rappel des souvenirs,  les intermittences du coeur, la jalousie sont des domaines qui prennent  une dimension nouvelle quand on est un familier de À la recherche du temps perdu.

Quant à Céline qui a cassé la phrase écrite et qui lui a substitué la phrase parlée stylisée, il nous a ouvert des perspectives qui nous font, elles aussi, écrire différemment." (p. 25)

J'ai lu pour ma part James Joyce, sans aucun plaisir. Mais je suis d'accord pour dire qu'Ulysse ne s'oublie pas... Quant à Proust, il est vrai qu'il s'agit d'un monument de la littérature qu'aurait tort d'ignorer tout jeune auteur. Il me reste à découvrir Céline qui m'intrigue avec sa phrase cassée. Moi qui, personnellement, ai une écriture minimaliste et des phrases saccadées, entrecoupées...

Et vous, que pensez-vous de ces auteurs? Dresseriez-vous la même liste des auteurs incontournables?

Comments

[Danaée]

Alcib: Je vois bien que Pierre Tisseyre ne déchaîne pas l'enthousiasme ici! Pour ma part, je ne le connaissais pas avant de lire ce petit bouquin. Mais je dois dire que sa façon souvent péremptoire de donner son avis me hérisse. Enfin... Pour les auteurs, je ne pense pas qu'ils sont à lire "sine qua non"... Mais ils se distinguent véritablement, à mon sens. (Mais ils n'ont pas le monopole non plus!)

Ta réflexion sur l'importance de lire ce qui nous touche me semble très pertinente. Tout en s'ouvrant aussi à des oeuvres de qualité. Car notre état d'esprit va beaucoup jouer sur ce qu'on retirera d'une lecture. Je suis bien d'accord avec toi!

Et à lire ton blog, je vois un peu ce que ton professeur voulait dire en te comparant à Proust. Tu crées bien l'ambiance. Il y a quelque chose de méditatif, de doux dans ta façon de replonger dans tes souvenirs.

Venise: Je crois qu'on est d'accord sur l'état d'esprit qu'on doit avoir en plongeant dans nos lectures. Et bonnes lectures! (Je vous ai ajouté à mes liens!)

Roger_Claude: Je ne sais que dire moi-même de l'Art d'écrire. Dans mon cas, il me fait réfléchir, comparer ma méthode avec celle qu'il conseille... Il y a des plus et des moins. Je n'ai pas vraiment d'expérience non plus pour en juger. Et je crois qu'on est tous d'accord avec Alcib concernant l'importance d'aimer les auteurs qu'on aborde. Et pourquoi s'ennuyer quand on peut lire tant de bons livres?

[roger claude]

À mon souvenir, son livre sur Art d'écrire, je l'ai lu deux fois. Est-ce un bon livre ou un mauvais? Bien mal fichu pour le dire à cause d'un manque d'expérience. Je le considère malgré tout comme un point de départ. Par la suite, passer à autre chose qui peut retenir notre attention.

Pour la lecture, je partage le point de vue d'Alcib. Lire des livres et des auteurs qui nous rapprochent et nous enrichissent. Et puis, il y en a tellement; n'avons-nous pas l'embarras du choix?

[Venise]

Alcid, vous avez si bien dit ce que je pense que je ne peux que dire : j'appuie !
Votre image du regard fermé (la mauvaise humeur est certainement une forme de fermeture) devant la fenêtre ouverte est frappante de vérité.
Allez, je retourne à mes lectures, puisqu'il le faut ;o)

[Alcib]

D'abord je dois dire que Pierre Tisseyre lui-même ne m'a jamais beaucoup attiré ; par conséquent, mon opinion sur tout ce qu'il a pu dire ou écrire risque d'être faussé par le peu de sympathie qu'il m'inspirait. Une chose est certaine, selon PIerre Tisseyre, je ne serai jamais un écrivain, car je n'ai lu aucun de ces trois. Je ne crois pas vivre assez longtemps ou devoir me faire pardonner quoi ce que soit d'assez grave pour me forcer à lire Joyce. Si les circonstances se présentent, je veux bien lire le Voyage au bout de la nuit. Quant à Proust, j'ai entrepris déjà la lecture de la Recherche, mais je ne suis pas très avancé. À l'université, l'un de mes professeurs comparait mes textes à ceux de Proust (pauvre Proust !) ;o)

Je suis d'accord sur un point, tout au moins : l'importance de lire et, de préférence, les bons textes, mais aussi des textes qui correspondent à notre sensibilité car l'importance de ces textes, selon moi, c'est d'augmenter en soi la connaissance du monde et d'enrichir les moyens de l'exprimer. Une lecture intéressante, c'est une fenêtre ouverte sur l'univers. Le paysage pourra être superbe et le cadre de la fenêtre et les rideaux magnifiques, si je suis de mauvaise humeur au moment où je regarde, je risque de ne pas découvrir grand-chose ;o)