Impressions d'ici: mises en lecture théâtrales

Samedi soir, en compagnie de Catherine, j'assistais à la mise en lecture du Plan, une pièce écrite par une amie à moi, Nancie Cameron et mise en lecture par Marie-Ginette Guay. Cette présentation faisait partie de l'événement Impressions d'ici, au Théâtre Périscope, qui a permis à quatre dramaturges, pendant quatre soirs successifs, de présenter leurs textes devant public.

Écoutant les comédiens Vincent Champoux et Denis Lamontagne lire le texte, sans le jouer, mais en y mettant les intonations et l'effet nécessaires, je réfléchissais à la chance, pour un auteur, d'avoir un contact avec le public, afin de vérifier comment "passe" le texte pour ensuite, s'il y a lieu, le retravailler.

Pendant la lecture, j'observais Nancie, soucieuse des réactions du public, parcourant parfois l'assistance du regard, revenant ensuite aux comédiens. Le concept d'Impressions d'ici prévoit une discussion avec les comédiens, l'auteur et le public après la lecture. Cette discussion a été très intéressante pour l'auteur, mais aussi pour moi, qui ai pu réussir à mieux comprendre certaines motivations, les subtilités du texte qui m'avaient échappées. Je trouve ce genre d'événement très précieux pour un auteur, surtout quand il s'accompagne d'ateliers d'écriture et de jeu, tel que ce fut le cas pour Nancie qui a ainsi pu voir évoluer son texte.

En passant, une bourse Première ovation a couronné Impressions d'ici. Il faut dire cependant que sur les quatre auteurs de la cuvée 2008, deux seulement étaient admissibles pour le prix, car il fallait présenter une première oeuvre, ce qui n'était pas le cas pour mon amie Nancie, ni pour mon amie Annie Larochelle, qui, elle, présentait son texte vendredi (et j'ai manqué cela... à mon grand dam!).

La bourse a été octroyée à Steve Gagnon pour sa pièce La montagne rouge ou Rituel pour mon amour échappé. Pour un résumé des pièces présentées, lisez l'article de Jean St-Hilaire sur Cyberpresse. 

Comments

[Julie GravelR]

Venise: J'ai aussi pensé à toi en écrivant ce billet, sachant en plus que tu venais de vivre une expérience de mise en lecture. Pour le texte des romans, c'est certain que, souvent, la longueur même du texte ne se prête pas à une mise en lecture telle qu'on le fait au théâtre. Cependant, il y a des moyens, comme le fait de lire le texte à haute voix, qui peuvent être des façons de "s'entendre" écrire. Et dans certains cas, comme Alessandro Barijo l'a fait, on a revu des livres (ici, c'était l'Iliade d'Homère) pour en faire une lecture théâtrale. C'est très intéressant.

Martin: Je ne connaissais pas ce néologisme, mais c'est le sens littéral d'enthéos. Mais en fait, enthousiasme existe pour décrire cette réalité, sauf qu'on a oublié la racine grecque. Donc l'"endieusement" est purement français, en ce sens. C'est intéressant, ton commentaire, en tout cas!

[Martin]

Voici un bout de texte qui m'a fait penser à toi:

«Platon, qui détestait les poètes officiels, accordait au poète occasionnel ou fortuit le don de légèrté, d'inspiration ou d'enthousiasme (d'endieusement, selon le texte grec)...»
Jacques Brault, «Ô saisons, ô chateaux»

Je ne sais pas si tu connaissais déjà ce néologisme, mais moi c'est la première fois que je l'entendais et il m'a beaucoup plu...

[Venise]

Ah, tu touches plusieurs points qui me touchent ! Les lectures de textes avec toutes les émotions. Donner une dimension à un texte, qu'il sorte de ses pages. Au théâtre, tout le monde se dit, ça se fait mais pourquoi le goût n'y serait pas pour un roman aussi ? Cela doit être plaisant pour un auteur de roman de l'entendre lire par quelqu'un d'autre, un comédien peut-être.
J'ai eu l'impression qu'en tant qu'auteur de roman, c'est ce qui t'es passé par la tête.

Quant à moi, j'adore les lectures de textes et particulièrement quand on m'accorde le privilège de les lire :-) Et vive les lectures publiques ! J'espère qu'il y en aura de plus en plus.

Le public a le plaisir de découvrir qu'il peut y avoir beaucoup de qualité d'émotions, même sans tout l'artifice du décor et du mouvement.