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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
Derniers commentaires
13 octobre 2008

Qu'on en parle en bien, qu'on en parle en mal...

... mais qu'on en parle.

C'est le proverbe, non?

En fait, je me dis que c'est la petite ritournelle qu'on se chante pour se consoler quand on se fait égratigner.

Mais la critique, elle fait partie de la dynamique de la création. On crée quelque chose, chez soi. Seul. Ensuite, quelqu'un a notre oeuvre sous les yeux. La lit (dans le cas d'un livre), l'apprécie. La passe au filtre de ses propres connaissances, de sa propre sensibilité. Ensuite, il y a un jugement. Et une critique, bonne ou mauvaise. Ça fait partie du chemin de l'artiste que d'être en contact avec la réaction des autres devant sa production. C'est le cycle normal.

Si on veut se couper de cette réalité, alors il ne faut pas chercher à créer pour les autres. Un auteur qui a peur de la critique ne devrait pas vouloir être publié.

Ainsi, mon roman n'a pas touché une journaliste.

"So what"?

Mon roman a eu une très belle visibilité dans La Presse, en plein haut de page. La critique occupe près d'un tiers de la page, ce n'est pas rien. Et malgré les coups de griffe que j'ai reçus ici et là, mon livre se distingue quand même, ne serait-ce que par l'intégration des auteurs anciens et des philosophes à mon récit. Même le titre de l'article est chouette: "Ressusciter les Anciens"...

Sérieusement, je me rends compte en décantant un peu les émotions qui m'ont assaillie depuis hier soir, que je réagis de façon plus combative face à cette critique qui me heurte parce que je sens les reproches non justifiés que face aux critiques positives qui finissent par m'insécuriser.

Je sais que ce n'est pas avec des critiques uniquement positives et superficielles que je pourrai m'améliorer pour les romans à venir. Mais je ne peux pas non plus tenir compte de commentaires que je trouve faux! Ici, dire que je manque d'âme, c'est mal me connaître. Et même dire que mon livre ne rejoint que les intellectuels, alors que d'autres journalistes (Christian Desmeules ou Tristan Malavoy-Racine, notamment!), et surtout beaucoup de lecteurs, ont dit le contraire...

Pour le moment, donc, je considère les défauts de mon roman comme suit: un début un peu lent (mais que certains apprécient parce qu'il permet de bien comprendre le personnage principal) et des descriptions et un déroulement de l'intrigue un peu académiques.

Je suis encore très ouverte à avoir les commentaires et critiques des lecteurs et des journalistes. Mais je me réserve aussi le droit d'y réagir!

D'ailleurs, parlant de critiques, mercredi le 15 octobre j'aurai l'occasion de voir jusqu'à quel point je suis zen: les commentatrices-teurs de la Recrue du mois publieront tous leur propre appréciation d'Enthéos. On verra bien ce qu'ils en auront pensé...

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Commentaires
J
Claudio: C'est certain que le sentiment de ne pas avoir été compris joue pour beaucoup. Mais j'essaie de vivre avec ça aussi. Non, je trouve juste que dans ce cas-ci, c'était trop noir pour vraiment coller au roman. J'ai eu d'autres commentaires plus tièdes qui viennent un peu dans le même sens que ceux de Pépin. Mais ils sont appuyés et nuancés, ce qui fait qu'ils font leur chemin en moi et qu'ils me donnent l'occasion de réfléchir.<br /> <br /> C'est un témoignage bien touchant que tu fais ici concernant la critique très "injuste" qu'on t'a faite comme quoi tu étais un "artiste mondain". Mon dieu! Comme tu le mentionnais plus haut, on ne se connaît que par blogue interposé, mais une chose est certaine, tu n'évoques pas pour moi l'artiste "mondain"!<br /> <br /> Il se peut en effet que, dans certains cas, nous ayons heurté les gens par notre personnalité ou notre propos et que nous les ayons mis, sans le savoir, face à un partie d'eux-mêmes et qu'ils se retournent contre nous ensuite, nous accusant d'avoir ces mêmes défauts que ceux qu'ils ont perçu en eux-mêmes. Mais je suis une piètre psychologue et je ne m'aventurerai pas trop sur cette voie!<br /> <br /> Béo: Je pense qu'il existe plusieurs types de critiques. Et j'aime aussi que les gens aient des avis tranchés... C'est certain que je voudrais plaire à tout le monde, faire l'unanimité. Mais ce n'est visiblement pas le cas. Mais ça aurait pu être pire: j'aurais pu faire l'unanimité dans les critiques négatives! Tout le monde aurait pu détester!!! Mais non. Il y en a qui ont adoré, d'autres qui ont aimé mais avec des bémols et une (connue) qui n'a pas aimé du tout (en concédant cependant que le livre plaira aux intellos). Bref. <br /> <br /> Je suis consciente qu'il existe plein de types de critiques et je peux vivre avec ça. Au moins, j'ai un blogue, un moyen "public" de réagir pour moi et pour mes "supporters"! Ce ne sont malheureusement pas tous les auteurs qui ont cet outil.
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!
J'avoue que cette tournure peut porter à confusion: rendre public l'avis du signataire de l'article était pour indiquer que la personne-qui signe la critique-, ne doit pas trop s'impliquer en pointant directement l'auteur comme le ferait un juge. <br /> <br /> Rendre public dans son sens large de diffusion d'un avis oui, mais un avis qui se doit d'avoir une certaine flexibilité pour que le lecteur puisse y puiser l'information sans avoir à subir un jugement qui semble sans appel.
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C
Allô Julie, <br /> <br /> On ne s'est jamais rencontrés en personne, mais la critique que tu as reçu dans Cyberpresse m'a atteint presque aussi fort que si c'était moi qui avait écrit Enthéos. Il se peut que je me trompe, mais je crois que ce qui blesse davantage l'artiste lorsqu'il fait face à une critique négative, ce n'est pas la critique elle-même, mais plutôt le sentiment de n'avoir pas été compris. Une critique est un regard parmi des milliers ; comment se fait-il qu'il nous heurte autant ? Possiblement parce que le message de l'artiste véritable, celui-là universel, est sensé toucher tout le monde. Hélas, ce ne sont pas tous les humains qui sont préparés à cela (toi et moi le savons bien) ; Saint-Denys-Garneau l'a appris à ses dépends. <br /> <br /> Après avoir parcouru un peu plus de la moitié de ton roman hier soir avant d'aller au lit (j'ai bien hâte de te donner mes impressions !), je crois saisir ce que n'a pas compris Elsa Pépin. Peut-être faudrait-il qu'elle le relise un jour. Et si ce n'est pas pour elle, tant pis. La première de Carmen de Bizet reçut une critique si négative que le compositeur en tomba malade. Il mourut quelques mois plus tard, sans avoir été reconnu pour le chef-d'oeuvre qu'il avait composé. Le jour de ses funérailles, on avait rejoué l'opéra afin de rendre hommage au compositeur. Tout le monde pleurait, paraît-il, si bien que l'émotion, sur scène et dans la foule, était insupportable. Dans les journaux du lendemain, tout le monde criait au génie. <br /> <br /> Il y a quelques années, je m'étais lié d'amitié avec un homme dans la cinquantaine. Poète et musicien amateur, j'avais invité cet homme à assiter à un concert que je donnais à la Butte St-Jacques, à Montréal. L'homme s'est présenté, mais il n'est pas resté longtemps. Quelques jours plus tard, il m'a recroisé au café et m'a dit : "J'ai été très déçu, tu es un musicien mondain". Ces paroles m'ont fait très mal (et elles me font encore mal en les écrivant), si bien que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Quelques semaines ont passé (nous avions cessé de nous voir) et un soir, il est venu me voir au café. Visiblement mal à l'aise, l'homme s'est assis face à moi et s'est excusé. Ses yeux était mouillés et il était nerveux pour ne pas dire ébranlé. Il essayait de me parler, et rarement ai-je vu un homme 'patiner' ainsi. Ce soir-là, il m'a avoué qu'il avait toujours rêvé de devenir un artiste de la scène mais qu'il n'avait pas réussi à atteindre son objectif, car il n'avait pas le talent suffisant pour le faire. Sans amertume, j'ai alors compris qu'il était une bien petite personne, plus petite que ce que je croyais, et que c'était lui qui manquait d'âme et pas moi.
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J
Maphto: Merci de cet éclairant commentaire. Je pense que bien des critiques, mêmes amateurs, peuvent faire du bon travail. Même la Madame Pépin doit bien s'en tirer la plupart du temps! Je pense seulement que je suis mal tombée. Disons qu'elle a pris mon roman à rebrousse-poil, pour une raison obscure.<br /> <br /> Poudre en sucre: Bon, il fallait bien qu'on vienne picosser ton poussin pour qu'enfin tu viennes faire entendre ton opinion publiquement! Si ça a servi à ça, ma "crucifixion"... (Mais non, je sais bien que j'y vais fort: on ne m'a pas "crucifiée, quand même!) Je suis bien contente de te lire ici, c'est certain! Contre-transfert ou pas! Je t'aime! xxx<br /> <br /> Martin: Bonjour! J'ai cherché un peu sur Google pour trouver le livre que tu as écrit... Ainsi, tu es publié chez De Mortagne, non? Un collègue d'Audrey! C'est gentil aussi de prendre la parole et de donner ton avis. Comme tu le dis bien, nous sommes de jeunes auteurs, sans expérience, et un peu vulnérable devant des journalistes qui n'ont peut-être jamais réussi, eux, à publier... Je ne connais pas cette journaliste personnellement, je ne sais donc pas ce qui l'a tant heurtée dans mon écriture. Mais je sais qu'elle se trompe sur le public cible (même des ados l'ont aimé! donc ce n'est certainement pas principalement un public intellectuel...) et sur mon âme. Je sais aussi que beaucoup de personnes ont été très émues à la lecture d'Enthéos. Le roman n'est pas parfait, mais il faut voir ses "vrais" défauts...<br /> <br /> Béo: Je ne suis pas certaine de te suivre dans le "rendre public l'avis du signataire de l'article". C'est pourtant correct de ce côté. C'est son avis, à cette journaliste, qui est publié. Et j'espère être claire: je ne cherche pas à être flattée dans le sens du poil! Je veux juste m'assurer que les critiques qu'on me fait soient justifiées! Mais oui, je vis cette petite anecdote avec une pointe d'humour... Et je me réjouis de recevoir cette critique après d'autres, plus positives. Ça me rend un peu plus forte!
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!
Une critique sérieuse doit normalement rendre public l'avis du signataire de l'article. Que ce soit au sujet d'un livre, d'une pièce de théâtre ou de toute autre forme d'Art. <br /> <br /> En principe, on ne doit pas mettre ses gros sabots sur des points précis si ce n'est que pour les dénigrer et en rajouter tout de travers.(ex: le Livre de l'Apocalypse). <br /> <br /> Il y a peu de gens qui peuvent se permettre la plume d'un Martineau ou d'un Lévesque pour ne citer qu'eux deux. Mais au moins ils ont le mérite de ne pas parler au travers de leur chapeau. Puis ils ne sont pas non plus aimés de tous! <br /> <br /> Ce qui me fait très plaisir c'est l'expérience que tu en retire avec sagesse. Et puis c'est fou ce qu'on apprends par ici!
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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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