Le coup de fil que je n'ai pas reçu
Récemment, un auteur publié dans une grande maison d'édition, sachant que j'allais être moi-même éditée bientôt, s'informait de mon degré d'excitation en faisant référence à sa propre émotion lors du coup de téléphone tant attendu.
Que répondre?
Je n'ai jamais eu de coup de téléphone.
Je le vois bien en furetant d'un blog à l'autre, en lisant les aspirants auteurs ou ceux qui ont enfin un pied dans la réalité de l'édition: les expériences varient, d'une fois à l'autre. On ne passe pas tous par le même chemin. Toutefois, on a tous, à un degré ou un autre, des attentes, des idées préconçues sur le monde de l'édition.
Moi, je m'imaginais recevoir, un bel après-midi, un appel téléphonique. On m'aurait dit que mon manuscrit avait été sélectionné, qu'on me proposait un contrat d'édition. À partir du moment où mes manuscrits sont partis, lancés comme des bouteilles à la mer, j'ai attendu ce coup de téléphone.
C'est un courriel que j'ai reçu. Et encore. Aucune promesse. Rien de concret. On me disait s'intéresser à mon roman, mais le manuscrit devait être retravaillé. Et encore... J'ai retravaillé mais je ne savais pas si j'accumulais les heures et les efforts sans but. J'ai continué à douter.
J'ai eu des indices que mon projet se concrétisait dans le courant de l'automne. Et, tout récemment, j'ai signé mon contrat.
Et le doute persiste sur la date de sortie du livre. Août?
Je rencontre l'autre directrice de la collection Hamac lundi. Elle a lu mon manuscrit pour la première fois la semaine dernière. Elle m'a écrit, me disant qu'elle aime beaucoup. Toutefois, il me reste du travail à faire sur certaines de mes phrases dont l'effet n'est pas toujours juste.
Nous sommes déjà à la mi-avril et, si mon manuscrit doit sortir en août, il faudra qu'il soit prêt le 1er mai.
Deux semaines pour faire les dernières retouches. Cela sera-t-il suffisant?
Ainsi, je vis encore le doute. Ayant pris l'habitude d'un processus étalé sur une longue période de temps, je n'ai pas vécu ma montée d'adrénaline.
Et quand le téléphone sonne, mon coeur ne sursaute plus.