Portraits
Cette semaine, en vue de la sortie de Soleil en tête prévue cet automne, j’ai demandé à mon Amoureux de faire une série de portraits de moi. Ma photo d’auteure remonte à l’automne 2006, période difficile de ma vie et, même si je me ressemble encore (!), mon éditeur trouvait à propos d’en avoir une nouvelle.
On pense que c’est facile, faire le portrait de quelqu’un.
Or il n’en est rien.
Cette opération, que j’avais enserrée dans un horaire chargé (c’est tellement moi!), nous a pris quelques heures. La prise des photos elle-même, mais ensuite, le tri. Puis l’indécision... la prise d’une nouvelle série de clichés... et, enfin, l’envoi d’une sélection à mon directeur littéraire pour qu’il fasse, lui, le choix final.
Alors que je tentais de prendre la «pose», tout en restant naturelle et «moi-même», je réfléchissais. Et je me rappelais d’autres séances semblables et leur difficulté. Difficulté pour le photographe qui tente de capter la personnalité de son sujet. Difficulté pour le sujet d’être bien représenté.
Car que doit dire une photo d’auteure? Qu’est-ce qui doit transparaître, alors qu’il ne s’agit que d’une image immobile, silencieuse?
On dit qu’une image vaut mille mots.
Peut-être. Mais je crois que ce n’est pas vrai de toutes les images. Les bonnes, peut-être.
Sur plusieurs clichés, mes yeux sont tristes. Je souris sans sourire. Ça se voit. Souvent, aussi, mon sourire n’est qu’à peine esquissé. Mon visage a donc l’air crispé. Et que dire de la lumière? Artificielle ici, trop basse ailleurs. Et qui suis-je, au fait?
Tant d’éléments qui doivent concorder pour qu’une image parle. Qu’un portrait soit fidèle.
Sans compter que mon Amoureux n’est pas un photographe professionnel (ici, je n’entre même pas dans le concept d’ «art»). Mais c'est certainement lui qui peut poser un des meilleurs regards sur moi. Qui est la femme qu'il aime? Est-ce celle qu'on voit sur la photo?
Quatre photos ont été sélectionnées. Et celle qui a été choisie par mon directeur littéraire est celle où je souris franchement car, m'a-t-il dit, ce sourire est dans l’esprit de Soleil en tête. Sur une autre, j’ai l’air un peu plus mélancolique. «On la garde pour un roman, celle-là.»
Voilà donc un degré de difficulté de plus dans l’accord entre une auteure, son portrait et le livre pour lequel on prend la photo.
Maintenant, la couverture est en bonne voie de réalisation. Je l'aime beaucoup... et je vous en reparle!