Borderline: l'autofiction sur la brèche
Malgré mon emploi du temps chargé, j’ai réussi à aller voir le film Borderline en fin de semaine. J’en avais lu du bien, tant dans les journaux que chez des amis blogueurs, comme Jules. Mais surtout, j’avais hâte de constater cette adaptation de deux romans d’autofiction écrits par Marie-Sissi Labrèche.
Je vous le dis d’emblée, j’ai été comblée par ce film. Je ne m’attarderai pas ici sur ses qualités cinématographiques, sa réalisation, son rythme, sur le jeu sans faille d’Isabelle Blais ou celui d’Angèle Coutu. En fait, je veux plutôt parler du sujet principal du film : l’écriture. Car ce qui m’attirait, c’était que le personnage principal, Kiki (alter ego de Marie-Sissi Labrèche), est en pleine rédaction de son premier roman.
J’ai beaucoup aimé l’évocation des difficultés de Kiki face à l’écriture. Le conseil de son directeur de maîtrise est simple : puiser dans sa vie les éléments qui nourriront le récit. Et quelle vie! Une relation chaotique avec sa mère atteinte de maladie mentale, une grand-mère autoritaire et hantée par la mort de ses deux bébés, un père absent, et, par dessus tout, une dépendance affective incontrôlée qui la pousse à une sexualité débridée et destructrice. Kiki écrit, remonte le temps, revoyant sa vingtaine éclatée, son enfance erratique. À travers cela s’insèrent sa liaison avec son professeur marié, sa thérapie de dépendante affective et la tentative de se laisser apprivoiser par l’amour, celui qui ne détruit pas.
Après le visionnement de Borderline, j’ai continué à réfléchir à ce choix littéraire de l’autofiction. Je sais qu’il connaît une certaine vogue, surtout quand il évoque les déboires sexuels des protagonistes, telles Nelly Arcand ou Marie-Sissi Labrèche. Quant à moi, je n’avais jamais considéré puiser dans l’autofiction pour nourrir ma prose. Et pourtant, j’ai vu, à travers Borderline, les possibilités qui s’ouvrent à l’auteur qui s’y plonge. Qui sait? Je m’y essaierai peut-être un jour.
Borderline. Un film réalisé par Lyne Charlebois et adapté des romans Borderline (2000) et La brèche (2002) de Marie-Sissi Labrèche. Interprétation d’Isabelle Blais, Angèle Coutu et Sylvie Drapeau. Durée 1h50. En salle depuis le 8 février 2008.