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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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22 novembre 2012

Chaque automne j'ai envie de mourir

Chaque automne

C’est pas moi qui le dis.

C’est un des multiples narrateurs de ce très beau, très touchant et surtout, très humain recueil de nouvelles écrit à quatre mains par Véronique Côté et Steve Gagnon, tous les deux issus du milieu théâtral où ils jouent, écrivent et font de la mise en scène.

Envie de mourir? «Mais pas dans le sens «pu exister» du terme, ça va pas jusque là. C’est plus dans la peau et dans la respiration que dans l’coeur. C’est plus une affaire de lumière qu’une affaire de mort. J’veux pas d’la mort, j’veux d’la lumière.» (Lapin, p. 96)

Oui. De la lumière plus que de la mort. Dans les yeux de tous ces personnages anonymes qui ont confié leur secret pour la création de Jardins secrets, un des tableaux du si onirique «Où tu vas quand tu dors en marchant», pour le Carrefour international de théâtre de Québec en 2009. Et il en est ressorti ces nouvelles qui se lisent parfois les yeux remplis de larmes ou, plus souvent, le sourire aux lèvres. Ces histoires de vies, rattachées à un secret enfoui. Comme cette fille curieuse qui constate avec désenchantement ne pas avoir laissé de traces dans la vie de son ex (Carnet), un père qui exprime son amour sans fin pour son fils (Lumière), cet homme qui voit s’effacer les beautés qui le font vibrer (Couteaux), l’enfant qui souffre de la bipolarité de sa mère (Pandas), ce type qui aimerait qu’on le laisse tranquille (Lunettes), cette femme humiliée de sa manie de tout compter (Olives) ou cette fille qui est tout simplement amoureuse (Tsunami). Et tant d’autres. 

Sans doute l’influence de l’écriture dramatique donne-t-elle autant de réalisme chantant à toutes ces nouvelles, dont il est impossible d’ailleurs (pour une lectrice non avertie comme moi), de différencier les auteurs. Un naturel, une couleur propre à chaque voix du recueil. C’est poétique et plein de lumière:

«Les choses finissent. C’est ce qui les rend belles.

Les histoires finissent. C’est ce qui fait que leur commencement a du sens.

Les pays, les chansons, les espoirs, les jardins. Les fourmis. Les gens. Un jour, tout meurt.

Maintenant, j’aime et je déteste la mort et c’est la même chose, un seul respir. J’y pense tous les jours. Et ça me rend pleine de vie.» (Fourmis, p. 71)

Oui. Des histoires simples. Des histoires de vies. Vraies. Écrites comme de la musique pour les oreilles et le coeur.

Alors on se réjouit de voir ce recueil sur la liste préliminaire du Prix des libraires 2013!

**

Véronique Côté et Steve Gagnon, Chaque automne j'ai envie de mourir. Québec, Éditions du Septentrion, collection Hamac, 2012. 200 pages.

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