Première rencontre du cercle de lecture
Je sors tout juste de
la première réunion du cercle de lecture que j’ai mis sur pied autour de l’Énéide
de Virgile et, à chaud, je vous en donne ici des nouvelles.
Je vous le dis tout
net : je suis totalement enthousiasmée! (oui, dans le sens de «en-théos»!)
Bref, je viens de
vivre intensément une expérience dont tout prof rêve : voir autour de lui
s’allumer le regard d’étudiants attentifs qui discutent à bâtons rompus à
propos d’un sujet qui, au départ, n’était pas gagné d’avance. Inutile de vous
dire qu’aucun cellulaire, Ipod ou autre gadget techno n’est venu déranger la
discussion d’une heure trente. Personne n’a dormi en douce, ni fait autre
chose. Non. Seulement des visages souriants, des questions, des remarques fort
à propos bien que parfois candides (ils sont adorables!). Et pour la passionnée
de littérature ancienne que je suis , voir des jeunes dire que, finalement, « c’était
moins difficile que je pensais comme lecture », qui se rendent compte qu’il
y a des différences entre les traductions, et réalisent que les notes
explicatives nous amènent bien au-delà du simple texte et qu’il existe
plusieurs façons d’interpréter un passage, c’était grisant.
Beaucoup de rires
aussi, autour de la table.
Ils étaient tous là,
ceux qui avaient donné leur nom pour l’activité. Quatre gars et deux filles.
Pas nécessairement des étudiants surdoués, mais tous avec la volonté d’apprendre.
D’avoir du plaisir et de s’enrichir intérieurement.
Et moi, de mon côté,
j’ai aussi beaucoup appris. Je lis l’Énéide pour la première fois dans son
entier (oui, j’avais omis d’en faire une lecture complète… ma PAL d’œuvres classiques
est monumentale!) et je me mets ainsi au même niveau que mes étudiants. Nous
découvrons Virgile ensemble, si on veut. Bon… Oui, j’ai des référents qu’ils n’ont
pas, et c’est justement des pistes que je peux leur donner. Mais un des
intérêts du cercle de lecture, c’est que chacun des participants, différemment,
a lu l’œuvre. Certains ont noté des détails qui avaient échappé aux autres. Il
s’agit ici véritablement d’un échange.
Des exemples de
remarques?
(Une étudiante): - Heille! J’ai-tu rêvé ou j’ai
vu passer Lucifer quelque part?
(Un étudiant):
- Non. C’est vrai. Mais ça désigne l’Étoile du matin. J'ai lu une note explicative.
(Un autre étudiant):
- Où ça? (Précisions du chant et des vers concernés. Relecture attentive de tous
les participants…). Non, moi, ma traduction ne dit pas ça. C’est directement "l’Étoile du
matin"…
(Réflexion intérieure
de la prof) - Zut. J’aurais dû avoir en main une version latine du texte.
Il aurait donc été possible de voir si Virgile utilise bien « Lucifer ».
Ça m’apprendra. Je vais rectifier le tir.
Mais une chose est sûre : j’ai déjà hâte à mardi prochain!
Illustration: Virgile, Énéide. Texte présenté, traduit et annoté par Jacques Perret. Paris, Gallimard, 1991. Coll. "Folio Classique", 496 pages.