Speak white!
Mercredi dernier, j’ai
assisté à la pièce L’Asile de la pureté, présentée au Trident.
Une expérience théâtrale en soi.
D’abord, je n’ai pas
souvenir d’avoir vu autant de gens quitter une salle en pleine représentation.
Donc juste entendre, voir des gens se lever, ramasser bruyamment leurs effets
et quitter la salle (outrés, j’imagine!), était pour moi une expérience. Il y a
eu des départs dès le début de la pièce et ce, jusqu’aux deux tiers. Ensuite, je
crois que le public qui restait était soit enthousiasmé soit neutre.
Ceci dit, je n’étais
pas gagnée d’avance, même si j’avais entendu du bien de Gauvreau (que je n’avais
encore jamais lu ni entendu). Comme chaque fois où je vais au théâtre, j’étais
attentive au texte, à l’énergie générale des acteurs et de la mise en scène.
Plus les minutes passaient et plus j’écoutais à l’intérieur de moi quelle
était ma réaction.
D’abord, j’ai adoré
le symbolisme qui peut être décodé dans plusieurs détails de la pièce, telle la
récitation du poème Speak white par
le personnage de la muse Édith Luel. Un vibrant plaidoyer pour la langue
française. Le personnage, vêtu de blanc, après avoir déchiré ses vêtements, se
suicide en se lançant dans le vide après sa déclamation. C’est bouleversant.
Vient ensuite le deuil
du personnage principal, le poète Donatien Marcassilar (joué par le talentueux
Hugues Frenette) qui choisit de mourir d’inanition. Autour de lui défilent
alors divers personnages représentant chacun un aspect de la vie : la jeunesse,
la famille, la critique littéraire, les pairs. Chacun y allant de ses invectives, encourageant ou non le jeûne de l’artiste.
La fin se révèle très
fellinienne, à la limite du burlesque. C’est dissonant et ô combien efficace.
Je ne sais si je dois
vous conseiller ou non d’aller voir la pièce. Mais si vous aimez être dérangé
par le théâtre, par l’audace et l’intelligence, cette pièce vous plaira.
Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur Claude Gauvreau et la mise en scène de Martin Faucher, jetez un œil sur l’article paru ce matin dans Cyberpresse, signé Jean St-Hilaire.
L'Asile de la pureté. Texte de Claude Gauvreau, mise en scène de Martin Faucher. Présentée au théâtre du Trident jusqu'au 28 mars 2009.