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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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4 septembre 2007

Se souvenir ou imaginer: l'apport biographique

imagination_treeOn dit souvent que le premier roman d'un auteur est autobiographique.

Est-ce un défaut?

En ce qui me concerne, mon roman (qu'il soit le premier ou le deuxième, je ne sais pas vraiment où j'en suis... Considère-t-on comme un premier roman le premier écrit ou le premier publié?) est truffé de références qui puisent à même mon expérience de vie, mes connaissances. J'y expose beaucoup ma façon de voir la vie.

Pierre Tisseyre, dans L'Art d'écrire, consacre un chapitre à la conception du roman dans lequel il traite de l'imagination de l'auteur versus son souvenir.

En fait, si on en croit Marcel Proust, «l'écrivain qui imagine se situe à un niveau plus élevé que lorsqu'il se souvient.» Il faut donc aller plus loin que nos simples souvenirs si on veut parvenir à un degré plus élevé sur le plan littéraire.

L'auteur devrait chercher à «faire vrai» et non à «être vrai». «La vérité littéraire n'a que peu à voir avec la vérité tout court, car ce n'est pas le fait que l'on raconte, pour authentique qu'il soit, qui convainc le lecteur, mais l'impression qu'il va en garder en continuant sa lecture.»

Comme il est plus facile de se baser, pour «faire vrai» sur des souvenirs réels, il n'est pas surprenant que les auteurs débutants puisent dans leur propre vie pour le matériau de leur premier roman. D'ailleurs, Pierre Tisseyre constate le fait et l'encourage: «un auteur débutant aurait bien tort de ne pas chercher dans sa propre vie le sujet de son premier roman, car pour bâtir un livre uniquement sur les fruits de son imagination, il faut déjà plus de métier que pour habiller ses souvenirs. À condition toutefois de ne jamais oublier que donner l'impression d'être vrai est l'objectif à atteindre, et non pas de se faire le mémoire fidèle de la réalité.»

Ainsi, mon roman comprend plusieurs éléments autobiographiques. J'ai puisé dans mes souvenirs d'étudiante universitaire, dans mes lectures, dans mes souvenirs de mon voyage en Grèce... Je me suis inspirée des lieux de mon quartier ou même de gens de mon entourage... Mais cela, par la suite, amène (je l'espère) au-delà de la simple histoire autobiographique. 

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Commentaires
S
Sans tomber dans l'autofiction nombriliste, il est normal de puiser dans ses expériences, ses connaissances, ses souvenirs, ses goûts, pour bâtir ses personnages, leur décor de vie, etc. L'important est que cela ne transparaisse pas dans le résultat final (que le personnage principal ne soit pas le double de l'auteur, même si, dans certains cas, cela a pu donner de bons romans).<br /> Ces "emprunts" faits à notre réalité doivent simplement "servir" le roman, lui donner une consistance. Parfois, ils peuvent aussi rassurer l'auteur en lui donnant des repères pour avancer. Ensuite, l'imagination peut (et doit) enjoliver tout ça, et la documentation peut aussi venir étayer l'ensemble, enrichir personnages et décors. Alors, on obtient un "vrai roman" (par opposition à l'autobiographie ou l'autofiction), plus riche que nos petites vies d'écrivains. <br /> D'ailleurs, si nous écrivons, c'est souvent pour sortir des limites de nos propres vies.
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C
Merci pour cette citation du grand Proust. Le Magazine Littéraire d'il y a deux ou trois mois avait consacré un numéro spécial sur «L'écriture du moi», hors-série fort intéressant où les plus grands auteurs du «moi» (Proust, Kafka, Renard, Woolf et j'en passe...) ont été visités. Un article était même consacré au phénomène des blogs. N'importe, j'aime à penser qu'un premier roman est une oeuvre personnelle, n'est-ce pas la plus humble, la plus authentique manière d'entrer dans le coeur d'un auteur? Mon opinion demeure la même, en général, lorsqu'il s'agit de musique, en parlant, évidemment, du premier album d'un artiste en chanson ou d'un groupe rock.
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