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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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21 mai 2007

L'écriture au féminin

vwoolfL’écriture est exigeante. Elle demande beaucoup de celui qui se réclame d’elle. Or, le fait de naître femme implique aussi de nombreuses exigences sociales. Même au XXIe siècle, une femme assume généralement plus de tâches ménagères et d’organisation domestique que les hommes, tout en menant de front sa carrière. Si l’égalité s’est traduite par l’intégration des femmes sur le marché du travail, elle tarde à se faire au niveau du partage des tâches domestiques et familiales.

Même si les choses continuent d’évoluer en faveur d’une réelle égalité sur tous les plans, il est vrai que les exigences de l’écriture sont en conflit avec la réalité d’une femme, surtout si celle-ci est mère.

Virginia Woolf, qui est un de mes écrivains fétiches, a prononcé des conférences sur la condition de la femme écrivain. Ces conférences ont donné le livre Une chambre à soi qui, pour plusieurs auteurs féminines, est une petite Bible.

Dans son livre, publié en 1929, Virginia Woolf en arrive à deux conclusions : pour écrire, une femme doit posséder une aisance financière qui lui permette d’être indépendante de fortune et, ce qui lui apparaît comme indispensable, une chambre à soi disposant d’une serrure sur la porte. Un endroit où personne ne puisse la déranger.

Quand j’ai lu Une chambre à soi, c’était avant même d’avoir véritablement entrepris mon premier roman. Mon activité d’écriture se résumait alors à beaucoup de réflexions et de notes, et à la rédaction de ce que j’ai nommé mes Chroniques, une mélange de journal intime et de notes sur la vie en général. J’avais maintes fois tenté de commencer un roman, avec difficulté, et je pensais que tant que je n’aurais pas acquis les deux indispensables que sont l’aisance financière et ma chambre à moi, je n’allais jamais être en mesure d’écrire.

Depuis, la vie m’a donné non pas une aisance financière qui me fasse « indépendante de fortune », mais elle m’a fourni des outils qui me donnent le temps de me consacrer à l’écriture. L’enseignement, d’abord, me donne un horaire variable et me ménage des périodes où j’arrive à écrire, sans compter les vacances estivales qui peuvent bien sûr être utilisées à cette fin. De plus, je peux aussi voir ma convalescence comme une période bénie où j’ai pu me consacrer pleinement à l’écriture. C’est ainsi que j’ai pu terminer mon premier roman, commencé un an plus tôt, et en écrire un deuxième, dans la foulée.

Et qu’en est-il de cette chambre à moi, ce lieu où je ne serais pas dérangée? Je dispose d’une grande pièce de travail, mon bureau-bibliothèque, où la lumière est belle et propice à la réflexion. J’aime y écrire. Cependant, ce n’est pas un lieu clos, imperméable à ce qui ponctue ma vie. Car je ne correspond pas à ce modèle décrit par Virginia Woolf. Celui de la femme qui renie la maternité et ses exigences pour se consacrer uniquement à l’écriture.

Non. Pour moi, écrire doit se faire à travers beaucoup d’autres choses. Et s’il m’est parfois difficile d’équilibrer tous les aspects de ma vie, et si, pour écrire, il me faut parfois être une mère distraite ou absente mentalement, j’essaie d’utiliser ces multiples facettes de ma vie pour enrichir ma réflexion sur l’existence et, ainsi, nourrir mes écrits.

C’est ainsi que je vois l’écriture au féminin au XXIe siècle. Une écriture complète. Inhérente à la Vie.

Virginia Wool. Une chambre à soi. Traduit de l'anglais par Clara Malraux. Paris, Denoël, 1992 (1929). Coll. "10/18", 171 p.

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Commentaires
D
Alcib: Ah, oui! Une fortune pour écrire! Le rêve... Mais en fait, et je n'ai pas beaucoup élaboré sur la chose, la vie d'aujourd'hui et les conditions du monde de l'édition sont difficiles. Les auteurs vivent rarement de leur plume. Donc, il faut absolument trouver une façon de combiner les deux. Et tenir un blog, ce n'est pas rien!<br /> <br /> Poésie: Alors on a des points en commun? Contente de ta visite en tous cas. Tu reviens quand tu veux, hein? :)<br /> <br /> Marraine: Je suis contente que tu aimes. J'avais envie de quelque chose de sobre pour ce blog. Et merci d'être là!
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M
Joli ce blog. J'ai l'impression d'ouvrir un livre couleur parchemin avec tranche dorée, sobre délicat avec du chic...<br /> J'aime te lire.<br /> Bravo!<br /> Marraine
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P
Bienvenue à ce nouveau blog. Je serai là pour te lire. Car moi aussi j'aime lire....et écrire !
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A
Il existe bien des privilégiées qui réunissent toutes les conditions énumérées par Virginia Woolf, mais ta vision correspond sans doute plus à la réalité actuelle du plus grand nombre d'écrivains. J'ai toujours rêvé aussi d'avoir la fortune d'un André Gide, par exemple ; ce n'est hélas pas le cas. Ma fortune me permet tout juste d'écrire un blogue, même pas tous les jours.
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Soleil d'encrier: réflexions littéraires diverses de Julie Gravel-Richard
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